Lectureux,
Agatha Christie aurait pu trouver ce titre mais rien à voir avec la reine du suspense dans cet article.
Figurez-vous que, vendredi dernier, je suis allée à la ville. Cette ville grise, qui sent mauvais et où les gens sont pas aimables qu'on appelle Paris. Une amie m'avait proposé d'aller voir 1789, les amants de la Bastille, et, comme refuser une invitation est très impoli, j'ai saisi l'occasion. Nous voilà donc embarquées pour la ville. SNCF, métro qui pue, passages piétons bondés... Tout est là pour satisfaire le touriste en goguette.
Une fois descendues du train, nous avons regagné notre hôtel, juste à côté du Palais des Sports, Paris-Porte de Versailles, ligne 12 (la verte sur les plans). Comme on était quatre, notre organisatrice de voyage avait réservé une chambre-appartement avec cuisine, baignoire, trois serviettes de toilette et pas de sèche-cheveux. La grande classe.
On se pose. On jette nos gros sacs à dos. On fait l'inventaire des provisions. On mange une part de gâteau à la pralinoise. Et comme y en avait une qui avait pas emporté de manger pour le dîner, on a décidé d'aller faire un tour à la superette du coin. En traversant la rue, on a vu plein de camions de pompiers devant le Palais des Sports. On a rigolé en se disant qu'y en avait encore un qui avait du rater une marche ou qu'une perruque avait peut-être pris feu. Loin de la réalité qu'on était!
En repassant dans l'autre sens, on a commencé à se dire qu'il y avait sûrement un truc grave parce que les messieurs de la maréchaussée étaient en train d'interdire toute la zone. Y avait aussi des journalistes BFM qui interviewaient une jeune gourgandine qui pleurait toutes les larmes de son corps. Et qu'est-ce qu'on fait quand on voit ça? On espionne! La journaliste - envoyée spéciale a raconté qu'il y avait eu une explosion dans le Palais des Sports avec blessés graves et tout le tralala. Déjà, tu sens ta bonne soirée au spectacle qui se fait la malle.
Chassez le naturel, il revient au MacDo. J'ai continué à me taper l'incruste un peu partout où il pouvait y avoir de l'info. 312 journalistes m'ont demandé si mes copines et moi on était là au moment où ça a explosé mais comme on était parties acheter un sandwich, on n'avait rien d'intéressant à leur raconter. Y en a même un qui nous a demandé si on était dans la salle au moment de l'accident. Le seul qui n'avait pas compris qu'il n'y avait pas de public puisqu'il s'agissait d'une répétition. Je crois qu'il travaillait pour le JdI. Le Journal de l'Inexactitude.
BFM était sur l'affaire...
...pendant que France2 ne glandait rien.
Au bout d'un moment, et comme ces braves journalistes ne devaient plus rien avoir à se mettre sous la dents, y a deux messieurs de BFM qui sont venus nous voir. Ils nous ont demandé si on avait prévu d'aller voir le spectacle. On a dit que oui. Ils nous ont demandé s'ils pouvaient nous poser quelques questions. On a dit que oui. Un des deux messieurs a allumé la caméra avec une lumière comme chez le dentiste. L'autre a dit qu'une seule d'entre nous devait prendre la parole et là, il s'est passé une chose étrange. Mes trois compagnonnes de route ont disparu. Grand vide autour de moi. J'ai dit au monsieur "bon ben, je crois que c'est moi qui vais parler". Il m'a posé des questions pendant quelques minutes et puis ils nous ont remerciées et ils sont repartis pour d'autres aventures. On est rentrées à l'hôtel pour voir si j'allais être coupée au montage et j'ai vécu mon plus grand moment de gloire.
Je suis passée sur BFM. Moi. Avec une courte apparition de deux de mes compagnonnes en arrière plan. Après on a aussi remarqué qu'on apparait sur presque tous les plans des journalistes et on s'est dit qu'on finirait peut-être dans le bêtisier des filles qui s'incrustent sur toutes les images. On a rigolé et je suis allée prendre un bain.
Le lendemain, on est repassées devant le Palais des Sports et, alors que les copines se sont arrêtées pour écrire des petits mots d'amour sur les affiches du spectacle, y a France2 qu'est arrivé. Ils nous ont dit "on a vu que vous écriviez sur les affiches, vous étiez là pour le spectacle?" On leur a raconté qu'on était là la veille et ils nous ont proposé de faire une petite interview. Y a eu un nouveau moment de solitude mais, cette fois, les journalistes voulaient qu'on soit deux pour parler. Belote et rebelote. Caméra, micro, questions, réponses. Et devinez quoi? On est passées au 13h de chez Laulau Delahousse. Et au 20h aussi. Fières qu'on était.
Vous croyez que je pourrais mettre ça sur mon CV?
PS : Je retournerai sûrement voir le spectacle fin novembre. Ou en décembre. Ou quand il y aura une date reprise confirmée. Si tu es superstitieux, souviens-toi de l'adage consacré : jamais deux sans trois. Moi, depuis Fukushima, je n'ai plus peur de rien!