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18 septembre 2014 4 18 /09 /septembre /2014 13:50

Lectureux,

Il y a bien trop longtemps que la littérature est absente de ce blog. Aujourd'hui, je vous fais partager un extrait de l'excellent Un jour je m'en irai sans en avoir tout dit de Jean d'Ormesson. Et je vous laisse méditer.

"Dans tout ce que j'ai écrit, j'ai très peu parlé du mal. Comme si je l'évitais, comme si je fermais les yeux sur sa présence accablante. Dans un livre récent dont le titre était beau parce qu'il était d'Aragon, C'est un chose étrange à la fin que le monde, je parlais un peu de tout, de Platon et d'Einstein, de la préhistoire, du mur de Planck, du temps, de l'éternité, de la gaieté et de l'espérance. Je ne disais pas un mot du mal. Probablement parce que je ne savais pas quoi en dire. Il est là. Qu'est-ce qu'il fait là?

Le temps est vieux, le monde est vieux, la matière est vieille, même la lumière est vieille - moins vieille que le temps et le monde, mais assez vieille tout de même. Le mal est comme l'homme : il n'est pas très vieux.

On dirait que le mal, comme la vie, fait lentement son chemin vers des sommets après coup évidents - nous sommes tous évidents, n'est-ce pas? tous nécessaires, tous aussi inévitables que le soleil ou la lune -, mais longtemps imprévisibles. Il n'y a ni mal ni souffrance tant que la vie n'est pas là. Quand, par un miracle encore inexpliqué, la vie finit par apparaître, la souffrance pointe le bout de son nez. Le mal ne tombe sur le monde qu'avec l'homme et sa pensée.

Avec le rire, si délicieux, avec cette parole qui nous fait vivre, avec la pensée, il se déchaine enfin. La parole a quelque chose de divin. Et le Verbe était Dieu. Et le rire est le bonheur du monde. Ils sont aussi le mal lui-même. Le mal est inséparable de la pensée qui n'en finit jamais de se retourner contre elle-même.

Les hommes n'aiment pas le mal. Ils le dénoncent, le traquent, le combattent. Et surtout chez les autres. Moi aussi, je le combats. Mais je sais où il se cache. Il ne vient pas du diable auquel je ne crois pas. Comme les formes et les couleurs, commes les nombres, comme la vérité ou la justice, comme l'espérance, comme la beauté, comme l'univers et comme Dieu, le mal est d'abord en moi."

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8 juillet 2013 1 08 /07 /juillet /2013 11:53

Une petite liste de dix livres que je vous conseille pour occuper sainement votre été. Y a du récent, du poussiéreux, du classique, du drôle, du triste, à boire et à manger, bonbons, caramels et chocolats.

 

1) Au coeur de l'histoire / Du sang sur l'histoire par Franck Ferrand. Je ne peux pas dire de mal de Franck Ferrand. C'est mon idole. Vous connaissez peut-être son émission TV, L'ombre d'un doute. Ou son émission radio, Au coeur de l'histoire (je vous mets le lien vers les podcasts). Et bien il s'agit ici de la version papier. Chaque livre comporte une vingtaines d'histoires plus ou moins anecdotiques sur des évènements qui ont fait l'Histoire. Ce que vous pourrez trouver dans Au coeur de l'histoire : L'or supposé de Nicolas Flamel, Les secrets de Mayerling, Paul Doumer président oublié, Napoléon II. Ce que vous pourrez trouver dans Du sang sur l'histoire : Al Capone, la terreur de Chicago, La profanation des tombeaux de Saint-Denis, Landru, le préféré de ces dames, Le naufrage de la Méduse. 

 

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2) C'est une chose étrange à la fin que le monde par Jean d'Ormesson. Je vous l'accorde, ce n'est pas le genre de livre qu'on sort pour se détendre. Ce truc-là, c'est du lourd! Jean d'Ormesson remonte jusqu'à la création de l'Univers et s'interroge sur l'essence de la vie. Pourquoi sommes-nous là? Et Dieu dans tout ça? Et la science dans tout ça? Et la conscience dans tout ça? Pourquoi le monde? Pourquoi les hommes? Il est difficile de résumer en quelques lignes le contenu de ce livre aussi philosophique que spirituel. Il n'y a rien de politique, pas de jugement envers ceux qui croient ou ne croient pas en Dieu, en un dieu quel qu'il soit. C'est une thèse sur l'Univers dans ce qu'il a de rationel ET d'irrationel.

 

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3) L'adversaire par Emmanuel Carrère. L'histoire vraie de Jean-Claude Romand qui, pendant près de vingt ans, a réussi à faire croire à son entourage qu'il était un brillant médecin pour finir par assassiner sa femme, ses enfants et ses parents. Loin d'être voyeuriste, l'auteur essaie de comprendre ce qui a pu pousser un homme à s'enliser à ce point dans le mensonge jusqu'au point de non-retour.

 

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4) Les deux messieurs de Bruxelles par E.-E. Schmitt. Un recueil de nouvelles comme E.-E. Schmitt sait si bien les faire. On parle ici d'amour sous toutes ses formes. Un couple homesexuel, un homme et son chien, un couple rongé par les regrets... Tous ont un point commun : l'amour qu'ils se portent ou qu'ils se sont porté. Le fil conducteur des nouvelles est clair et une fois encore, on découvre que les apparences sont parfois trompeuses.

 

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5) Le sermon sur la chute de Rome par Jérôme Ferrari. C'est le dernier Goncourt. J'ai pas mal hésité avant de l'acheter parce que les Goncourt et moi, on n'est pas hyper copains. Dans le genre lourd et pompeux, c'est souvent le must. Mais là, avec tout le bien que j'en avais entendu et parce qu'il n'y avait pas beaucoup de pages, je me suis lancée. Et c'était bien. C'était même trèèèès bien. L'histoire de deux amis qui se bâtissent un monde parfait qui, comme pour les autres, prendra fin à un moment ou à un autre. Naissance, apogée, chute. Même les plus grands empires s'effondrent pour faire place à de nouvelles ères. Ainsi va le monde.

 

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6) Le DaVinci Code par Dan Brown. C'est un peu un classique, non? Si vous ne connaissez pas encore, c'est que vous avez passé ces dix dernières années dans une grotte au fin fond des Landes. Une des meilleures enquêtes mêlant suspense, religion, idées communes et oeuvres d'art. C'est un pavé, certes, mais ça se lit d'une traite. Idéal pour s'occuper quelques jours sans se prendre la tête. On est en vacances et en vacances, on se détend!

 

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7) Le meurtre de Roger Ackroyd par Agatha Christie. J'adore les romans d'Agatha Christie. C'est le genre d'histoire qui vous happent totalement et vous ne pouvez plus lâchez le livre tant que vous n'avez pas résolu l'enquête. Ce roman-ci différe légèrement des autres puisque le narrateur est un des personnages. Il raconte le déroulement de l'enquête dans son journal et comme toujours, le suspense dure jusqu'à la dernière minute et le coupable n'est pas là où on l'attend.

 

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8) A Song of Ice and Fire : A Game of Thrones par George R. R. Martin. Edité en français sous le titre Le trône de fer, il s'agit de la saga qui a inspiré la série qui porte donc le même nom que le premier tome en version originale. (Vous suivez?) Je ne sais absolument pas comment s'appelle le premier tome en version française mais je sais que j'en ai vu au moins trois éditions différentes. Bref, c'est du génie. Je ne suis pas particulèrement fan de tout ce qui touche à la fantasy, à la science-fiction, mais ici, c'est tellement bien ficelé que ça passe comme une lettre à la Poste. Les affaires politiques, la diversité des personnages et leur machiavélisme, la justesse de l'écriture en font oublier que chaque tome (5 à ce jour) pèse pas loin de 1000 pages. Même en ayant vu la série, on commence par le premier. Les livres sont, comme bien souvent, beaucoup plus complets que leur adaptation.

 

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9) Des souris et des hommes par John Steinbeck. Un roman sur l'amitié profonde qui lie deux hommes. Tous deux rêvent de posséder leur propre ranch mais, en attendant, ils vont de propriété en propriété pour travailler. Oui mais voilà, Lennie est un grand costaud et surtout, un simplet. Son monde n'est pas toujours celui des autres, avec toutes les conséquences que cela peut entrainer. Une histoire à la fois dramatique et émouvante à ne pas lire si la dépression vous guette!

 

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10) Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire par Jonas Jonasson. Une histoire aussi drôle que rocambolesque dans laquelle on suit les aventures d'Allan Karlsson, centenaire qui décide de fuguer de sa maison de retraite le jour de son anniversaire avec ses charentaises aux pieds. Il faut un peu de temps pour s'habituer au style répétitif mais on se prend quand même vite au jeu. De la Suède à la Chine en passant par la Russie et l'Espagne, Allan Karlsson voyage au gré du vent et des rencontres et nous aussi!

 

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Des suggestions? Un coup de coeur littéraire? Un livre que vous nous conseillez? Les commentaires sont là pour ça!

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19 avril 2013 5 19 /04 /avril /2013 21:31

Lectureux,

 

Aujourd'hui, je vous parle d'un livre généreusement prêté par un collègue. Il m'a dit "ça cause guerre et religion. Ca t'intéresse?" J'ai dit oui et j'ai lu. Il m'avait pas menti! Ca parle de la deuxième guerre mondiale et d'un texte religieux qu'il s'appelle Le Livre d'Esther. Un étonnant parallèle entre un des plus grands génocides de l'Histoire et un texte qu'il date d'avant Erode.

 

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Mon avis à moi :

Le livre est écrit par un journaliste dans un style très journalistique. Ca c'est dit! Ca se lit facilement, ça ne prend pas la tête avec des tonnes de détails qui embrouillent plus qu'ils n'aident et la façon dont le sujet est présenté est plutôt originale : le journaliste (Bernard Benyamin) mène une enquête sur ce qui peut être considéré comme un texte prophétique et comment ce texte aurait prédit l'avènement au pouvoir des nazis et le sort réservé au peuple juif. Un moyen simple mais très efficace de se cultiver même quand on n'aime vraiment pas l'histoire et qu'on est pas hyper fan de tout ce qui touche au Divin.

Ce bouquin est vraiment intéressant même si (personnellement moi-même) j'aurais aimé un peu plus de théologie et de complexité. En bonus, à la fin, vous aurez droit à une superbe bibliographie qui donne envie d'aller plus loin. Et en super-méga-bonus, vous trouverez quelques QR codes éparpillés dans le livre qui vous renverront vers de courtes vidéos pour illustrer les trouvailles de l'enquête.

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25 février 2013 1 25 /02 /février /2013 11:50

Lectureux,

 

Vous savez que j'aime vous parler de mots doux et de belles phrases, de papier jauni et de couvertures cartonnées. Cette fois, j'ai choisi de vous parler de mon auteur à moi, celui dont je dévore chaque ouvrage parce que c'est trop de la balle et ça démoule des poneys. Pour ce nouvel article littéraire, j'ai jeté mon dévolu sur une nouvelle d'Eric-Emmanuel Schmitt : Les dix enfants que madame Ming n'a jamais eus.

J'ai découvert cet auteur au lycée et j'ai toujours beaucoup aimé la simplicité de ses récits autant que leurs différents degrés de lecture. Je ne manquerai d'ailleurs pas de vous parler de quelques uns de ses autres livres.

 

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Mon avis à moi :

Bon, c'est du E-E Schmitt, je ne peux pas en dire de mal, mais si, pour commencer, j'ai choisi ce livre-là plus qu'un autre, c'est parce que c'est celui qui m'a le plus interpellée jusqu'à maintenant. Je pourrais disserter dessus pendant des heures tant les choses y sont amenées l'air de rien, sous couvert d'un récit un peu simpliste aux conversations en apparence banales. Cette fameuse madame Ming, dame pipi de son métier, a-t-elle eu oui ou non dix enfants? Improbable dans la Chine de l'enfant unique. On se posera pourtant la question jusqu'aux dernières pages et, une fois le livre fermé, ce sont d'autres questions qui viennent à l'esprit : la vérité vaut-elle toujours mieux que le mensonge? L'illusion n'est-elle pas une réalité qu'on se crée? 

Les Dix Enfants que Madame Ming n'a jamais eus, c'est Confucius en culotte de velours. Ca se lit très vite puisque c'est une nouvelle (115 pages environ) et si vous n'aimez pas réfléchir en lisant, vous aurez au moins hérité de la jolie histoire d'une rencontre incongrue. 

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8 février 2013 5 08 /02 /février /2013 14:03

Lectureux,

 

Je viens de finir un livre qu'il était bien et je n'ai pu m'empêcher de faire le rapprochement entre cet article et ce passage :

 

"Ses paroles avaient un écho particulier en moi, car elles me rappelaient les Noëls de mon enfance. J'étais tout excité en préparant ma lettre au père Noël, avec la liste des jouets que j'espérais. Pendant des semaines j'y pensais attendant impatiemment le jour où je les posséderais enfin. Mon excitation atteignait son paroxysme le soir du réveillon : mes yeux ne quittaient plus le sapin au pied duquel j'imaginais déjà mon bonheur du lendemain. J'allais me coucher en percevant la nuit à venir comme interminable, et c'est reconnaissant que je découvrais l'heure sur mon réveil au petit matin. Le grand jour était enfin arrivé! Lorsque je poussais la porte du salon et découvrais les paquets-cadeaux multicolores sous le sapin illuminé, j'étais empli d'une joie intense. Je déballais tout, haletant d'excitation, puis passais le plus clair de la journée à jouer avec ce que j'avais reçu, m'arrangeant toujours pour m'échapper de l'interminable repas familial, et laisser les adultes à leurs conversations ennuyeuses. Mais je me souviens que, le soir approchant, le soleil déclinant à l'horizon, ma joie se tarissait progressivement. Mes nouveaux jouets ne généraient déjà plus en moi le même élan de gaieté. J'en arrivais à envier mon excitation de la veille. J'aurais voulu la revivre. Je me rappelle m'être dit, une année, que mes rêves de jouets me rendaient finalement plus heureux que les jouets eux-mêmes. L'attente était plus jouissive que son dénouement.

J'en fis part au sage, qui me dit en souriant : 

-Le plus grand mensonge des parents à leurs enfants ne porte pas sur l'existence du père Noël, mais sur la promesse tacite que ses cadeaux les rendront heureux." Laurent Gounelle - L'homme qui voulait être heureux. (Livre que je vous recommande au passage.)

 

Ca méritait d'être dit!

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